Ficelle n° 91 : Des êtres qui nous rendent plus grands

Il est des êtres qui nous font grandir, dont le contact nous rend meilleur. Sans avoir l’air d’y toucher, sans le savoir sans doute, ils nous aident à ne pas désespérer, à garder courage. Ils nous permettent de prendre davantage conscience de nos qualités et nos possibles, et, toujours, on les quitte un peu à regret. Ils nous révèlent cette part de nous même, la plus précieuse et la plus enfouie, qui ne se réalise jamais complètement, mais nous pousse à la fois à nous dépasser et à nous accepter lucidement tels que nous sommes.

Il est des personnes, dont le regard sur le monde nous libère du poids des on dit, des rumeurs, des jugements de valeur, des appréciations à l’emporte pièce. D’un rien, un mot ou un silence, ils nous aident à envisager les choses autrement, à voir des éléments laissés dans l’ombre. Ils sont tout sauf des donneurs de leçons mais ils nous aident à être moins aveugles à ce qui, littéralement, nous crève les yeux.

Ces êtres, ils n’ont rien de plus ou de moins que vous ou moi (d’ailleurs, ça peut être vous ou moi). Ils sont loin d’êtres parfaits, et c’est justement cette imperfection assumée, qui leur permet de ne pas condamner, rejeter ou sombrer dans le ressentiment. Ils ne se prennent jamais trop au sérieux, non plus. C’est la raison pour laquelle les gens prétendument importants les prennent souvent de haut. Ils n’ont l’air de rien d’autre que de leur singularité hésitante et opiniâtre. Ils rient souvent, de la tendresse plein le regard. S’émerveillent facilement, en eux sommeille toujours un enfant à la fois anxieux et heureux. C’est ce qui les rend si paradoxaux, légers et graves à la fois.

Il suffit de les croiser un instant pour que s’éloigne un peu le ressentiment, la recherche de bouc émissaire la détresse d’être seul. Ils n’ont ni solutions toutes faites, ni recettes imparables pour posséder à coup sûr le bonheur. Ils sont contents de croquer des grains de joie, parfois. Ils peuvent se contenter de peu car, puisqu’ils connaissent et acceptent le manque, pour eux c’est déjà beaucoup. D’un geste, un regard, un mot humoristique, ils vous montrent qu’un monde plus doux et tolérant est possible. Et qu’il commence maintenant. Ils ne voient pas la vie en rose, mais pas en noir non plus. Ils l’aiment car elle leur en fait voir de toutes les couleurs. Vous comptez sur eux car vous comptez pour eux.

Parfois ils ont de grandes responsabilités, parfois non. Mais ils partagent cette responsabilité, belle, noble et difficile, qui nous échoit à tous en partage : Rendre notre quotidien plus humain.

Ces êtres, que rien ne semble distinguer des autres, ne sont-ils pas, aussi, dans mon entreprise ?