Ficelle n° 63 : L'homme porteur de sens

"Il suffit parfois d'un conte pour retrouver le chemin du sens. "

Sur la place, brûlante de soleil, les gens sont réunis. Ils forment un cercle autour d'un trou béant. Ils pleurent l'arbre qui, hier encore étendait, en plein midi, la fraîcheur de son ombre sur les bancs qui se serraient autour de lui. Mais cette nuit, l’arbre est mort et au petit matin, on l'a enlevé pour laisser un grand vide.

Un homme s'avance. Il dit qu'il fera pousser un autre arbre. On le regarde. On ne le croit pas. Nul homme ne peut faire pousser un arbre ainsi. C'est un long travail. Il faut planter une graine, la surveiller, l'arroser, la protéger, espérer qu'elle germe, et si elle ne germe pas, en planter une autre et recommencer, en espérant encore. Mais l'homme s'entête. Il demande une graine. On est incrédule mais on l'écoute. On lui apporte un sac de graines, il en prend une seule. Il avance au centre de la place, s'agenouille et met la graine dans le sol. Puis il approche son visage de la terre jusqu'à ce que sa bouche la touche presque. Voici que ses lèvres remuent, que des mots en sortent. L'homme parle. Il dit à la graine ce qu'elle doit faire : s'ouvrir, germer, croître et embellir. Puis il explique à la graine ce qu'elle va devenir : un arbre. Un grand arbre. Enfin il dit à la graine que ce grand arbre donnera la fraîcheur bienfaisante, dispensera l'ombre reposante, protégera ceux qui en ont besoin, apportera vie et beauté. L'homme se relève, demande de l'eau. On lui en donne. Il arrose la terre et s'en va.

Si, aujourd'hui, par hasard, vous vous retrouvez sur cette place, vous verrez qu'à l'ombre des feuilles d'un grand-arbre, les gens forment de nouveau un cercle. Ils profitent de la fraîcheur et surtout ils se racontent l'histoire de cet homme qui a cru en son rêve et l'a partagé.

Et vous ? Que souhaitez-vous profondément devenir (Etre) et accomplir (Faire). Nul besoin d'être magicien. Nous avons chacun en nous ce potentiel. Certes, de Léonard de Vinci à Mark Spitz, l'histoire draine les noms de ceux qui ont cru en leurs rêves. Mais sur un plan plus personnel, nous connaissons tous des Myriam, François, Adèle qui s'appuient sur une vision et mettent leurs énergies pour la concrétiser. Dans notre monde où les forces de changement nombreuses et imprévisibles agissent au point de nous donner le sentiment insécurisant que l'univers n'est plus visible et que notre capacité de créer notre propre histoire s'étiole, comment pouvons-nous répondre de façon proactive aux enjeux de notre époque si nous ne nous posons pas la question du sens et de la vision partagée. Dans sa pratique de coach, Nicolas Schilfarth rappelle combien "la Vision c'est-à-dire une projection dans le futur de ce que nous souhaitons profondément devenir (Etre) et accomplir (Faire) répond à cet enjeu. Cette dynamique de la Vision, individuelle ou partagée concentre et libère les énergies parce que l'identité est juste et parce que le but est clair et signifiant".

Alors à ce point de notre réflexion quelle sorte d'arbre voulez-vous passionnément faire grandir et que lui direz-vous pour qu'il comprenne comment devenir beau ?