Ficelle n° 122 : Pas d attente pas de déception

Ficelle n° 122: Pas d attente pas de déception

« Qui n'attend rien d'autrui ne sera jamais déçu. » Pierre-Claude-Victor Boiste


Pas d’attente, pas de déception… Et si nous nous intéressions plus aux moyens que nous sommes prêts à mobiliser qu’aux résultats …

Un mantra qui pourrait prendre place dans nos vies. Dans nos vies ponctuées de projets, d’objectifs, ce mantra constituerait-il une invitation à délaisser nos buts ? Peut-être s’agit-il plutôt de les clarifier… Et de les définir en termes de moyen et non de résultat.

Un exemple : Anne prend un soin tout particulier à préparer ses voyages. Recherches sur Internet, en bibliothèque, identification des merveilles à découvrir, choix critique des hôtels, préparation des visites et excursions, … Cette phase de préparation est pour elle un moment de plaisir intense. Et, systématiquement nous dit-elle, arrivée sur place, les choses ne sont pas à la hauteur : l’émerveillement n’est pas aussi intense qu’imaginé, le plaisir est moindre que celui vécu lors de la préparation. Et la déception est au rendez-vous. L’agréable préparation a généré de nombreuses attentes, le voyage a progressivement été fantasmé, idéalisé : « les choses doivent êtres comme ceci, se dérouler comme cela ». Le voyage consiste alors à vérifier que les attentes préalablement définies sont bien rencontrées. Et l’attention étant focalisée sur ces aspects (la comparaison du réel au fantasme), elle est dès lors moins disponible pour percevoir et accueillir ce qui se présente, moment après moment. Juste voir, juste découvrir, juste ressentir.

Un autre exemple, dans le contexte privé ou professionnel ? Vous avez découvert lors d’une formation ou en parcourant un ouvrage qu’une manière de faciliter les relations est d’adopter une attitude ouverte et assertive. Intéressant ! Entre votre collègue et vous, ce n’est pas la folle entente… Les piques et prises de bec ne sont pas rares. Vous décidez de mettre en œuvre vos nouvelles connaissances… Résultat ? Votre collègue ne modifie pas son comportement d’un iota…

« Moi, je modifie mon comportement, je fais des efforts et l’autre ne change rien…
Ça vaut bien la peine… »

Si j’adopte une attitude assertive, est-ce pour influencer mon interlocuteur et obtenir la réaction que je souhaite ou suis-je alors en train d’incarner le respect que je m’accorde à moi-même et à l’autre, suis-je en train de faire du mieux que je peux, suis-je attentif(ve) à, pour ma part, contribuer à une relation saine et constructive ? 

Je dis bonjour et je n’obtiens pas de réponse… Je laisse passer un automobiliste dans une file et il ne me dit pas merci… Je prends des nouvelles d’une personne mais elle n’en fait pas de même… Pourquoi suis-je poli(e) ? Pourquoi suis-je courtois(e) ? Pourquoi vais-je m’intéresser à l’autre ?
Ce qui pose ici la question du but :

Quelle est mon intention lorsque j’adopte tel ou tel comportement, lorsque je pose telle ou telle action ?

S’agit-il pour moi d’être en accord avec mes propres valeurs ou d’influencer le comportement de l’autre, voire d’obtenir de la reconnaissance ?

Si mon intention, mes attentes dépassent ma sphère d’influence, il y a fort à craindre que la déception soit au rendez-vous.

Dès lors, lorsque nous adoptons un comportement, lorsque nous nous exprimons, …

Et si au lieu d’attendre un résultat, nous nous centrions sur notre propre attitude et sur la satisfaction qu’elle peut nous apporter ?

Quel que soit le résultat, au moins aurons-nous la satisfaction d’avoir fait de notre mieux et d’avoir agi sur ce qui est en notre plein pouvoir : nous. Le reste, si reste il y a, constituera un agréable bénéfice secondaire.