Ficelle n°114 : Ficelles

Ficelle n°114 : Ficelles

Tirer les ficelles

Ne coupe pas les ficelles quand tu pourrais défaire les nœuds.

Proverbe indien.

C’est étrange une ficelle. Beaucoup moins évident qu’il n’y paraît.

Quand on regarde le monde distraitement, c'est-à-dire le plus souvent, on ne voit dans ces quelques centimètres de fil qu’un petit objet bien utile. Un compagnon de pas grand-chose, une goutte dans l’océan des choses. Et il y en tant et tant des choses, des machins, des bidules, des trucs.

Et pourtant, si on s’arrête quelque instant, histoire de se déshabituer, patatras :

On perd le fil, et notre ficelle devient un signe, une image, une métaphore.

Car, une ficelle ça aide un peu, beaucoup, passionnément, ça nous lie ou nous libère, ça fait tenir ensemble ce qui risque de se désunir.

Une ficelle, ça nous rappelle que les grands projets ne sont rien sans la foule des petits liens. Toutes ces relations construites patiemment, en passant, presque sans y penser, ces façons de construire une toile qui ne soit pas d’araignée. Un lieu de liberté.

Une ficelle, ça nous dit et redit l’importance d’être soudés, unis, sans prétendre fusionner. Ca nous prévient aussi du risque d’être trop et mal liés, ligotés, à des habitudes, des dépendances ou des préjugés. Un lien trop serré empêche le sang de passer.

Une ficelle, ça fait penser au fil d’Ariane, qui permit à Thésée de retrouver son chemin, de ne pas mourir, perdu, dans le labyrinthe, rendu fou par le dédale infini, sans tracé. C’est une petite présence sur laquelle on peut compter, le signe que le ténu peut permettre d’avancer.

Une ficelle c’est aussi un appel à oser oser. A ne pas frileusement reproduire les mêmes mécanismes, parce qu’une fois ils ont marché. Car à force de tirer sur la ficelle, elle risque de casser.

Enfin, une ficelle, c’est le rappel de ces petits cadeaux cachés qu’enfants à la foire on pêchait, espérant qu’on aurait la main heureuse et qu’ils nous combleraient. C’est le rappel de ces instants éphémères de fête, de légèreté, en nous profondément gravés. L’impression, enfantine et grave qu’il y a dans l’existence qu’on aborde avec le sourire tant de petits présents à découvrir.

La vie regorge de petites merveilles. Oserez-vous tirer..les ficelles ?