Ficelle n° 128 : Et si on arrêtait de s'en envoyer plein la figure ?

Ficelle n° 128 : Et si on arrêtait de s'en envoyer plein la figure ?

" S'aimer soi-même est le début d'une histoire d'amour qui durera toute une vie. "
Oscar Wilde

Vous vous traitez d'imbécile ou de gros nul parce que vous n'avez pas bien compris quelque chose ou que vous avez raté votre sortie d'autoroute ?

Les neurosciences l'ont démontré et d'autres avant eux, traitez quelqu'un d'imbécile ou de nulle toute sa vie, non seulement il finira par y croire mais il risque en outre de tout faire pour se conformer à cette image. Ces petits mots assassins ont donc un impact considérable sur l'estime de soi.
D'où nous vient donc cette extraordinaire capacité à nous coller des étiquettes négatives au premier comportement jugé inadéquat ?

Pour Claude Steiner, analyste transactionnel, nous avons besoin d'un certain nombre, un quota, différent chez chacun, de signes de reconnaissances (SR). Ces signes sont des messages, verbaux ou non-verbaux que nous échangeons avec nos pairs. Cela peut-être un regard, un clin d'œil, ou une gifle ! Cela peut-être un mot doux ou une pique. Qu'ils soient positifs ou négatifs, nous en avons besoin pour nous sentir exister. On pourrait croire que l'être humain va être plutôt en recherche des signes positifs et en donner prioritairement, or il n'en est rien. Dans notre culture occidentale, il est plutôt d'usage, encore de nos jours, de s'échanger et se donner du négatif (si c'est positif, pas besoin de le dire non ?)
Pour assurer notre quota de SR journalier, nous allons donner, recevoir, demander, nous donner et refuser toute une série de messages.
Les SR conditionnels nous parlent de nos compétences, du faire. Les inconditionnels parlent eux de la personne dans son ensemble, de l'être.
" J'aime beaucoup ta capacité à synthétiser les informations rapidement " sera un SR conditionnel. " J'aime beaucoup travailler avec toi " sera lui un SR inconditionnel. Ces deux-là sont positifs. De même, " Tu es arrivé en retard ce matin " sera un SR conditionnel négatif et " On ne peut pas te faire confiance " un SR inconditionnel négatif.

La valeur des signes de reconnaissance ne sera pas la même chez chacun. Pour se construire une bonne confiance en soi, nous aurons besoin de SR conditionnels positifs et négatifs, de qualité.
Pour se construire une bonne estime de soi, nous aurons besoin de SR inconditionnels positifs. Les inconditionnels négatifs sont à exclure de notre vocabulaire car ils abiment fortement l'estime de soi.
Et pourtant c'est bien ceux-là que nous nous envoyons à la figure sans même nous en rendre compte. Evidemment, ils ont une valeur importante, ils pèsent lourd dans le quota journalier, c'est peut-être pour cela que nous les choisissons, faute de mieux.

Apprenons dès aujourd'hui à retraduire nos SR inconditionnels négatifs en conditionnels négatifs : " Non je ne suis pas une imbécile, j'ai juste raté une sortie d'autoroute. "
Et à nous donner des SR positifs pour rétablir l'équilibre : " et ça m'a permis de découvrir un nouvel itinéraire bien plus joli et agréable, bien joué au final !"