Ficelle n°107 : Ici et maintenant

C’est étrange ! Souvent, nous ne sommes pas vraiment où nous sommes. Nous vivons dans le passé ou dans le futur, rarement dans le présent. Tous entiers tendus vers quelque chose qui n’existe plus ou n’existe pas encore nous peinons à accueillir simplement ce qui se donne.

Les « ah si j’avais pu/su » et les « demain peut-être », provoquent en nous remord, regret, attitude fébrile. Notre tête ressemble à une salle de cinéma, dans laquelle nous nous projetons un film dont nous sommes plus souvent les spectateurs dépassés que les acteurs réalistes. Si untel ne m’avait pas dit, si j’osais parler à unetelle, etc, etc… Le hamster court dans notre cage intérieure et nous donne le tournis.

Parfois aussi, nous prêtons aux autres des sentiments et impressions qui viennent de nos peurs, de nos angoisses et de nos doutes. Nous nous enlisons dans des difficultés qui n’en sont pas, des soucis pour rien, des combats imaginaires dont les blessures sont, elles, hélas, bien réelles.  

Je vous propose un truc que je m’efforce de mettre en œuvre dès que possible : chaque matin, au lever, avant de plonger dans la frénésie de votre journée, accordez vous un moment de retrait. Asseyez vous confortablement, une boisson chaude à la main, et posez vous la question : Quels sont les motifs de joie de cette journée qui s’annonce ? Ne vous forcez pas (on ne le fait que trop aujourd’hui) à positiver à tout prix, non. Laissez simplement monter du fond de votre sincérité ce qui vous donne vraiment du plaisir, répond à vos désirs : le visage d’un enfant, le goût d’un pain au chocolat, une mission passionnante au travail, une capacité essentielle que vous pouvez exprimer. Dans ce domaine, il n’y a pas de petites choses, tout peut servir à nous rendre heureux, meilleur. Ensuite, doucement, posez-vous la question de savoir si vos désirs essentiels, ceux auxquels vous ne pourriez renoncer sous peine de vous trahir, sont rencontrés. Si tel est le cas, il n’y a sans doute pas péril en la demeure. Dans le cas contraire, la vie vous appelle peut-être à oser un changement.

Enfin, après ce petit moment de distance introspective, entrez du mieux que vous le pouvez dans cette journée. Avec courage et lucidité. Soyez éveillés, prêt à l’inattendu. Et, n’oubliez pas d’être bienveillant envers les autres (chaque rencontre peut être vraie, authentique, intéressante), bien sûr, mais aussi envers vous-mêmes.

Puissiez vous donner aux autres le cadeau de votre présence !